Équipe Canada junior : St-Hilaire, le gardien qui fait taire ses détracteurs
Il faut être honnête : le nom de Samuel St-Hilaire était l’un des, sinon le nom le plus surprenant parmi les invités au camp d’Équipe Canada junior.
Mais lorsque l’on étudie la question plus attentivement, il y a de plus en plus de logique.
Si le gardien du Phoenix de Sherbrooke fait partie des quatre gardiens – tous de la LCH – invités au camp de sélection de la formation dirigée par Alan Letang, c’est qu’il a toujours fait mentir les gens qui doutaient de lui, en se démarquant plus tard que les autres. Et il tentera de faire la même chose, dès la semaine prochaine du côté d’Oakville, en Ontario.
Le Phoenix de Sherbrooke a choisi St-Hilaire au neuvième tour du repêchage 2020 de la LHJMQ, alors qu’il venait de passer la quasi-totalité de la saison au niveau Midget Espoir. Il n’avait disputé que deux petits matchs au sein de la Ligue M18AAA du Québec, avec les Chevaliers de Lévis.
Lors de son année de repêchage, il joue encore à Lévis. Après cette campagne, le Phoenix l’invite à passer du temps avec l’équipe, pendant qu’elle affronte les Islanders de Charlottetown en séries éliminatoires.
La gardien beauceron a reçu une leçon qui l’a grandement marqué.
«J’ai vu ce que ça prenait pour jouer dans la LHJMQ. Je regardais les Xavier Parent, Joshua Roy et Julien Anctil se préparer. Ils avaient de la maturité, et je me disais que ça prenait ça afin d’évoluer dans les rangs juniors.
«Je n’avais pas de maturité. J’ai toujours eu du talent, mais il y a deux ans, j’ai compris que le travail était important pour connaître du succès, que je devais avoir cette mentalité. L’été suivant, j’ai travaillé fort et à l’automne, j’ai fait mon entrée dans la Ligue.»
Cette arrivée a eu lieu l’an dernier, alors qu’il avait déjà 18 ans. Mais il a rapidement fait sa marque avec le Phoenix : il avait décroché le poste de gardien numéro un, avant l’arrivée d’Olivier Adam durant la période des transactions.
Mais la campagne 2023-2024 de St-Hilaire a commencé sur une mauvaise note. Après une invitation au Tournoi des recrues des Bruins de Boston, il a été renvoyé à Sherbrooke sans avoir eu la chance de participer au camp principal.
«À ce moment-là, je ne me voyais pas au camp d’Équipe Canada junior. Vraiment pas», a raconté le gardien de but de 6 pieds 2 pouces.
C’est là que ça devient intéressant.
Début de saison époustouflant
Le natif de Saint-Elzéard-de-Beauce a connu un début de saison extraordinaire, avec sept victoires à ses 11 premiers départs. Sa moyenne des buts alloués de 2,25 est actuellement la troisième meilleure de la LHJMQ, et son taux d’efficacité de ,921 le place au 4e rang.
Ça a également eu un impact sur le Phoenix, qui est l’une des belles surprises dans la LHJMQ. Normalement, cette saison devait être la première année d’un cycle de reconstruction, après un parcours jusqu’en demi-finale de la campagne 2022-2023. Par la suite, Les Joshua Roy, Justin Gill, Ethan Gauthier et Tyson Hinds, pour ne nommer que ceux-là, sont tous partis.
Finalement, le Phoenix se trouve présentement au quatrième rang de l’Association de l’Ouest, avec (à updater après ce soir) une fiche de 15-11-3.
En quelque sorte, cette déception a peut-être été utile à St-Hilaire.
«Cet été, j’étais déjà déçu de ne pas avoir été repêché, et j’ai quand même participé à deux camps d’entraînement dans la LNH, a-t-il affirmé. Je voulais montrer à ces équipes qu’elles avaient commises une erreur. Chaque fois que j’ai vécu une déception, je suis capable de prouver ce que je suis réellement capable de faire.»
Qu’est-ce qui a été le déclic pour St-Hilaire? Pourquoi est-il soudainement apparu sur les radars des responsables de Hockey Canada?
«Je suis un gardien avec du caractère, qui a du cœur, a-t-il souligné. Chaque fois que quelqu’un me reproche quelque chose, une lumière s’allume dans ma tête. Je me dit que je dois travailler là-dessus, à 100 %. Chaque fois que je reçois une critique, je le prends personnel, mais c’est ce qui me fait grandir, comme personne et comme gardien.»
Un entraîneur-chef comblé
Le gardien de 19 ans a notamment dû gagner la confiance de Gilles Bouchard. Débarqué comme nouvel entraîneur-chef de la formation de l’Estrie après cinq saisons dans la Ligue américaine,«il ne connaissait aucun joueur de la Ligue», comme il le dit lui-même.
«Il venait de revenir du camp des Bruins, mais je ne le connaissais pas. Mais j’ai commencé à m’apercevoir que c’était un jeune avec beaucoup d’outils. Il a la taille, il possède un bon jeu de pieds, il a le sens du hockey, et il sait ce qui se passe autour de lui. Pour un gardien de seulement 6 pieds 2 pouces, je trouve qu’il couvre beaucoup d’espace.»
Encore une fois, l’ardeur au travail revient assez rapidement lorsque Bouchard énumère les qualités de son gardien.
«Il n’abandonne jamais. Lorsqu’il accorde un but, il n’est pas affecté. Il demeure concentré et de travailler fort.
«C’est super plaisant de voir sa progression et sa constance. Il est maintenant l’un des meilleurs gardiens de la LHJMQ. Je suis content qu’il ait la chance de se faire valoir avec Équipe Canada junior.»
Le scénario ne pouvait donc se dérouler d’une meilleure façon pour St-Hilaire : Bouchard, son entraîneur-chef et adjoint avec l’équipe canadienne junior, l’a téléphoné la fin de semaine dernière pour lui annoncer la bonne nouvelle.
«Je ne m’y attendais pas vraiment, a mentionné le gardien du Phoenix. Les gens m’en parlaient un peu, mais je n’avais aucune attente. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’étais davantage sous le choc que sous le coup des émotions. Gilles m’a dit qu’il était fier de moi, et je l’étais également.
»Mon but est de travailler fort afin de mériter un poste.»
Des appuis inestimables
Un avantage pour St-Hilaire, c’est que plusieurs personnes qu’il connaît très bien peuvent l’aider. Évidemment, il est facile de penser à la présence de Bouchard parmi le personnel d’entraîneurs de l’équipe canadienne junior.
«Ce sera celui que je connaîtrai le plus lors du camp, je serai donc plus confortable, a-t-il dit, en parlant de son entraîneur-chef avec la formation sherbrookoise. C’est une excellente personne et un excellent entraîneur. Ça me donnera un gros coup de pouce.»
Mais l’aide à laquelle on pense peut-être moins, c’est celle d’un ancien d’ÉCJ que les partisans ont appris à connaître lors de la conquête de la médaille d’or, l’an dernier.
Joshua Roy était coéquipier de St-Hilaire la saison dernière, avec le Phoenix, et ils viennent tous les deux de la même région en Beauce. Évidemment, l’espoir des Canadiens de Montréal tenait à contacter son ancien gardien.
«C’est un bon ami, nous nous connaissons depuis que nous sommes jeunes, a raconté le gardien de Saint-Elzéard-de-Beauce. Il m’a envoyé un message texte afin de me féliciter, et m’a écrit à quoi m’attendre.
«Il ne m’a pas dit grand-chose. Il m’a simplement conseillé d’être moi-même, de leur montrer ce que j’étais capable d’accomplir. Il m’a dit de travailler fort.»
Et avec le désir de faire taire les détracteurs, encore une fois.