Plus de victoires en carrière : Yanick Jean aux trousses d’Alain Rajotte
Par Benoît Plamondon – Au rythme où vont les choses, l’entraîneur-chef des Tigres, Yanick Jean, pourrait inscrire une page d’histoire prochainement. En poste depuis le 4 février 2008, l’actuel pilote des Victoriavillois n’est plus qu’à une cinquantaine de victoires de devenir l’entraîneur ayant signé le plus de gains en carrière chez les Tigres.
À ce chapitre, il occupe le deuxième échelon avec 125 victoires en 232 rencontres. Il a devancé, l’an dernier, Mario Durocher (105 victoires) au terme d’une campagne historique de 46 gains en saison régulière. C’est Alain Rajotte, entraîneur-chef des Tigres de 1995 à 2000, qui détient la marque. En 360 rencontres, il a savouré 178 victoires.
Ironie du sort, le parcours de Jean et de Rajotte est appelé à se croiser de nouveau, cette fois-ci dans le livre des records des Tigres. Rajotte a donné la première chance à Jean comme entraîneur en 2003. Il l’avait alors embauché comme adjoint avec les Saguenéens de Chicoutimi. L’actuel pilote des félins n’était âgé que de 25 ans.
« Lorsque je suis revenu avec les Saguenéens pour une dernière saison à 20 ans après un camp d’entraînement dans la Ligue américaine de hockey (avec les Pirates de Portland, ancienne filiale des Capitals de Washington), je savais déjà que je voulais devenir entraîneur », a-t-il partagé.
Avant d’amorcer sa carrière, Jean a disputé six saisons chez les professionnels, notamment dans la Ligue de hockey de la Côte-Est puis dans la Ligue nord-américaine de hockey.
Il est ensuite devenu adjoint chez les Saguenéens. En trois saisons, il a secondé Alain Rajotte, René Matte et Richard Martel. C’est le Rocket de l’Île-du-Prince-Édouard qui lui a finalement donné sa première chance comme entraîneur-chef en 2005. Après y avoir passé deux saisons complètes, il n’a disputé que 15 rencontres lors de sa troisième campagne avant d’être foudroyé par un premier congédiement en carrière.
« Je ne l’avais pas venu venir, admet-il. Comme entraîneur, on sait qu’on ne gardera jamais le même emploi éternellement. Les congédiements font partie du métier. Je préfère cependant voir cet aspect comme un défi, celui de demeurer en poste le plus longtemps possible. La précarité d’emploi ne me dérange pas. J’ai toujours confiance de me trouver du travail dans le milieu », a-t-il fait valoir.
Un peu plus de trois mois après avoir été remercié par le Rocket, Jean s’est déniché un nouvel emploi avec les Tigres, poste qu’il occupe toujours trois ans et demi plus tard. L’été dernier, il a d’ailleurs paraphé un nouveau pacte de deux saisons. S’il faut en croire ses propos, c’est avec les Tigres que le plus jeune entraîneur-chef du circuit a connu la plus grande progression.
« Les Tigres m’ont permis de devenir un meilleur entraîneur. J’ai toujours cru que les personnes qui réussissent le mieux dans ce milieu sont celles qui sont capables de s’ajuster. Les Tigres m’en ont donné l’occasion. L’organisation a d’ailleurs incroyablement changé au cours des dernières années. C’est une fierté d’en faire partie et de rester à Victoriaville. Je suis bien ancré ici. J’y reste 12 mois par année et j’adore ça », a-t-il poursuivi.
Aujourd’hui âgé de 35 ans, Jean espère évidemment demeurer en poste pour encore de nombreuses années, à l’image de son ami Richard Martel (qui est demeuré plus de sept ans avec les Saguenéens de Chicoutimi avant d’être congédié la semaine dernière) et de son ancien entraîneur Barry Trotz (en poste avec les Predators de Nashville depuis 1998), pour qui il voue beaucoup d’admiration.
« Si je parviens à battre ce record, cela signifiera que j’ai apporté quelque chose de bien à l’organisation. C’est le défi de tous les entraîneurs. C’est cependant le fruit du travail de toute une organisation », a-t-il lancé.
Beaucoup de pression
L’an dernier, Yanick Jean a vécu pour la première fois la pression d’une «grosse» année à titre d’entraîneur, alors que les attentes étaient particulièrement élevées chez les Tigres.
L’entraîneur-chef, faisant fi des critiques de certains partisans en première moitié de saison, a finalement aidé les siens à atteindre la demi-finale.
« C’était la première fois que je vivais une grosse année comme entraîneur (il a remporté la coupe du Président à titre de joueur en 1996). La pression était forte, mais elle reposait sur tous les membres du personnel. Tout le monde a vu cela comme un défi. Personne ne s’est écrasé sous son poids. Ce fut une expérience enrichissante pour tous. La prochaine fois que nous nous retrouverons dans un contexte semblable, tout le monde réagira encore mieux », a-t-il expliqué.
Même si le métier d’entraîneur s’avère précaire et qu’il comporte son lot de stress, Jean ne se voit pas ailleurs que derrière un banc. Il ne voit pas le jour où les voyages en autocar et les entraînements matinaux ne feront plus partie de son quotidien. « Rien ne vaut le fait d’être au cœur de l’action. Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne crois pas faire autre chose pour gagner ma vie », a-t-il conclu.
Yanick Jean n’est plus qu’à une cinquantaine de victoires d’Alain Rajotte et du premier rang à ce chapitre dans l’histoire des Tigres.
CRÉDIT PHOTO – Nouvelle Union