Repêchage LNH 2024 : Alexandre Blais s’impose
Charle-Édouard D’Astous est âgé de 25 ans. Il fait 6 pieds 2 pouces, compte trois saisons d’expérience dans la Ligue américaine de hockey, et il a été le meilleur buteur cette saison chez les défenseurs de la Liiga, la meilleure ligue de hockey de la Finlande.
D’Astous est allé pratiquer avec l’Océanic de Rimouski pendant leur dernier camp d’entraînement, avant de partir pour la Finlande. Il le dit lui-même : «contre certains, je trouvais ça facile».
Puis, il est tombé sur Alexandre Blais dans des exercices à un contre un.
Comme le dit l’entraîneur-chef de l’Océanic, Joël Perrault, «il en a eu plein son casque, d’Alex».
«Je me suis retrouvé contre lui, et il m’a battu à un contre un, raconte D’Astous. Je me suis aussitôt dit : ‘’attends un peu, mon petit, tu n’as rien vu encore!’’ Chaque fois qu’il y avait des exercices à un contre un, je voulais y aller contre lui.»
Oui, Alexandre Blais ne fait que 5 pieds 10 pouces et 152 livres. Mais si l’espoir admissible au repêchage 2024 de la LNH a terminé dans le Top 10 des pointeurs de la LHJMQ, ceux qui le connaissent très bien le disent : c’est qu’il se démarque non seulement par sa grande intelligence, mais aussi parce qu’il joue beaucoup plus gros qu’il est.
«Le plus difficile que j’ai affronté»
Finalement, D’Astous est ressorti de son expérience avec Blais assez impressionné, et ce n’est pas exagéré. Il l’a fait savoir aux entraîneurs de l’Océanic.
«Pierre-Luc Dubois est mon meilleur ami, j’ai joué avec lui lorsque nous étions jeunes et nous avons pratiqué ensemble dans les rangs professionnels. J’ai évolué avec Alexis (Lafrenière) pendant deux ans à Rimouski. [Mais] je pense qu’Alex est le joueur le plus difficile que j’ai affronté à un contre un.
«Il est excellent, il est vraiment agile. J’ai essayé de l’aider et de lui donner des conseils, mais pendant mes deux semaines avec eux, il m’a également rendu meilleur.»
Venant du troisième meilleur pointeur chez les défenseurs de la Liiga finlandaise, ce n’est pas rien.
Et au niveau des statistiques, Blais se débrouille assez bien aussi. Le natif de Longueuil a terminé au sixième rang des pointeurs de la LHJMQ en 2023-2024, avec 84 points en 68 rencontres. Il s’est retrouvé au second rang pour les aides, avec 60. Une belle progression avec la saison précédente, alors qu’il avait récolté 42 points en 64 matchs en 2022-2023.
Mais pourquoi Blais est-il si difficile à affronter, malgré ses 152 livres?
«C’est extrêmement difficile de lui enlever la rondelle, parce qu’il est shifty, a expliqué D’Astous. Il est très agile. Tu penses qu’il tournera à gauche, mais il tourne à droite pour revenir à gauche. Alex possède également une excellente mobilité avec ses épaules, ses chevilles et ses hanches. C’est très difficile pour un défenseur lorsqu’un joueur bouge comme ça. Il peut également te battre avec des feintes. Il a des mains incroyables, et vraiment une bonne vision du jeu.
«Son autre qualité, c’est qu’il est ‘’fort sur la rondelle’’. Tu veux lui soulever le bâton, et tu penses que sera facile, mais il demeure solide. C’est impressionnant à voir. Alex mérite tout le succès qu’il connaît présentement.»
Hier, l' @oceanicrimouski avait tout un spectacle en réserve!
Acteur principal : Alexandre Blais. 2 buts et 1 aide, dont un jeu spectaculaire en prolongation! 😍#RepechageLNH #2024NHLDraft pic.twitter.com/DCN1vjvGXs
— Ligue canadienne de hockey (@LCHhockey) March 23, 2024
5 pieds 1 pouce contre des 5 pieds 9 pouces
Il faut dire que dans le hockey mineur, l’attaquant de l’Océanic a été habitué de jouer contre des adversaires plus gros, et plus forts. Au niveau Bantam AAA, avec le Collège Français de la Rive-Sud, il était un an plus jeune que tous ses coéquipiers. Même chose du côté de Bishop’s, en 2019-2020.
«Je pense que ça m’a aidé, avoue le principal intéressé. Lorsque j’étais Bantam, je mesurais 5 pieds 1 pouce, et je jouais contre des adversaires de 5 pieds 9 pouces. Ça m’a permis de développer des aspects de mon jeu, de trouver des façons d’attaquer afin d’affronter de plus gros joueurs.
«J’ai remarqué que lorsque vient le temps de me faire frapper, je roule sur les mises en échec en me tournant. Je pense le faire assez bien. J’ai développé tout ça, et ça m’aide aujourd’hui.»
Joël Perrault connaît très bien Blais. Évidemment, parce qu’il est son entraîneur-chef à Rimouski, mais aussi parce qu’il a dirigé des équipes contre lui depuis son passage dans les rangs Pee-Wee. Pendant que le numéro 22 de l’Océanic jouait à Longueuil, Perrault était entraîneur des Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne, également situé sur la Rive-Sud de Montréal.
Lorsqu’il est débarqué à Rimouski, il a tout d’abord constaté une chose : Blais était un joueur transformé.
«Alex a progressé énormément, a reconnu celui qui a aussi disputé 96 matchs dans la LNH. À l’époque, il était très bon, mais également très petit. Ce qu’il a amélioré, c’est son explosion, son acharnement à vouloir la rondelle. Il a un très gros QI hockey, il possède de bonnes habiletés et peut tout faire à haute vitesse.»
Ses qualités pour faire face à la pression des défenseurs adverses frappent donc l’imaginaire. L’autre force que Perrault pointe du doigt, c’est sa grande intelligence. Ça peut expliquer pourquoi 60 de ses 84 points sont des mentions d’aide.
« Il travaille extrêmement fort, c’est un étudiant du hockey qui veut constamment s’améliorer, ajoute le récipiendaire du trophée Michel-Brière de 2002-2003. Il regarde beaucoup de vidéos, et veut s’améliorer. Il veut être le meilleur joueur de la ligue. Parfois, lorsqu’il connaît un match plus difficile, il faut l’aider à rebondir, afin qu’il ne soit pas trop demandant envers lui-même. En même temps, c’est ce qui fait sa force.»
Blais, qui était classé 71e en Amérique du Nord à la mi-saison par la Centrale de recrutement de la LNH. en donne un petit aperçu en parlant de la première chose qu’il regarde pendant une rencontre de la LNH, par exemple.
«Le jeu est tellement rapide, c’est intéressant de voir comment les joueurs sont bons pour faire de petits jeux, en peu de temps. Parfois, ça se passe en une demi-seconde. Ils sont tellement efficaces pour placer la rondelle au bon endroit.»
Avez-vous un doute?
Excellent pour éviter la pression adverse, talentueux, et intelligent. Malgré tout, les doutes quant à ses 5 pieds 10 pouces persisteront. Surtout dans les rangs professionnels, où les adversaires sont encore plus imposants.
Justement, Perrault en sait quelque chose. Non seulement a-t-il joué pour les Coyotes de Phoenix, les Blues de Saint-Louis et les Canucks de Vancouver, mais il a aussi passé huit saisons dans la LAH.
«Je n’ai aucun doute, ce ne sera pas un problème, a-t-il affirmé. Alex peut réaliser ces jeux-là contre n’importe qui. Il est très déterminé. Il ne recule devant rien, il va au contact et, au niveau de la compréhension du jeu, il est avance sur beaucoup de joueurs de son âge. Il se rend dans les espaces restreints.»
«Alex aura une très belle carrière, a également mentionné D’Astous. Je ne suis même pas inquiet pour lui, il sera capable de s’adapter. Tu le regardes et il ressemble encore à un enfant. Avec le temps, il deviendra plus gros. En même temps, présentement, il est solide sur ses patins ainsi que sur son bâton. Et si tu veux devenir un professionnel, tu dois être solide sur tes patins.»
Le meilleur pointeur de l’Océanic, lui, sait déjà ce qu’il aimerait améliorer dans les prochaines années.
«Je veux être encore plus explosif, a-t-il mentionné. Je suis un bon passeur, mais j’aimerais également lancer davantage, je veux devenir plus complet. Et défensivement, je veux jouer de la bonne façon.»
Il est un joueur demandant, comme le disait son entraîneur-chef.