L’héritage de Gilles Courteau dans la LHJMQ
Tenter de comparer Gilles Courteau et son mandat, d’abord comme Président puis comme Commissaire de la Ligue de hockey junior Maritimes Québec, à un joueur de hockey précis est une tâche aussi ardue que possible. Doté d’un sens aigu de la créativité et du génie, d’une résilience et d’une longévité remarquables, sans oublier un héritage digne des plus grands bâtisseurs de la LCH, Courteau a condensé plusieurs vies en 37 ans à la tête d’un circuit qui était encore largement embryonnaire lorsqu’il est entré en fonction.
Le jour où Courteau a pris les rênes de ce qui était alors la Présidence de la LHJMQ, en février 1986, la ligue comptait dix équipes, la plus à l’est se trouvant à Chicoutimi, au Québec. La franchise la plus notable jusque-là, les Remparts de Québec, avait cessé ses activités l’année précédente. Une équipe québécoise n’avait remporté qu’une seule Coupe Memorial au cours des 15 années précédentes. La ligue avait désespérément besoin de stabilité. Dans certains clubs, la scolarité des joueurs passait au second plan. Et, par-dessus tout, la « Q » était considéré comme le maillon faible de la LCH, et ce, par un large consensus.
Il n’a pas fallu longtemps à Courteau pour remettre la ligue sur une trajectoire ascendante. Au début des années 1990, deux équipes d’expansion avaient été ajoutées. La ligue s’était implantée à Victoriaville, où elle demeure encore aujourd’hui. Elle avait également fait son retour dans la région de Québec avec les Harfangs de Beauport en 1990. Les Harfangs déménageraient de la banlieue vers la ville en 1997, lorsque les Remparts seraient relancés. Courteau a aussi conquis l’ouest, avec des franchises à Val-d’Or et à Rouyn-Noranda, qui peuvent toutes deux se vanter d’avoir remporté deux titres de ligue. Aujourd’hui, la ligue compte 18 franchises et, depuis 1996, 11 Coupes Memorial. Pendant son mandat, qui inclut un changement de titre pour Commissaire en 2000, Courteau a vu huit joueurs de la « Q » être sélectionnés au tout premier rang du repêchage de la LNH.
Mais l’histoire de Gilles Courteau ne peut être racontée sans évoquer l’expansion vers les provinces atlantiques. Malgré les frictions avec certains de ses collègues, sa direction a mené à l’admission des Mooseheads de Halifax dans la ligue en 1994. Dès lors, l’expansion à l’est de la belle province s’est accélérée. Cela a également servi de moteur à l’instauration d’un enseignement du hockey en anglais à l’échelle de la ligue, un autre mandat qui, bien que controversé, a favorisé le développement des joueurs sur et hors glace.
Aujourd’hui, six équipes sont réparties au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve, faisant de la LCH un véritable projet d’un océan à l’autre. Grâce à cela, la stabilité financière a atteint la « Q » d’une manière inimaginable lors des premiers jours de Courteau en poste. Le fait qu’aucune franchise n’ait été rayée ou relocalisée au cours de ses 12 dernières années comme Commissaire témoigne de la viabilité qu’il a contribué à instaurer.
Et puis il y a l’éducation. Courteau l’a clairement affirmé dès le début de son mandat : la réussite scolaire ne devait jamais être reléguée au second plan derrière la performance sur la glace. Pour la première fois, on s’attendait à ce que les joueurs poursuivent des études, d’abord au secondaire, puis au postsecondaire. Il a également pris des mesures pour encourager ce processus, notamment avec la création du programme « Sports-Études » ainsi que le programme de bourses d’études pour les anciens joueurs. Au cours des quatre dernières décennies, plus de 3 600 anciens joueurs de la LHJMQ ont bénéficié de plus de 17 millions de dollars en financement pour poursuivre leurs études dans diverses universités, collèges et écoles professionnelles.
Ses collègues au sein de la LCH comptaient également sur son leadership. Durant le mandat de Courteau, il a joué un rôle clé dans l’élaboration de la politique antidopage de la ligue. Il a aussi représenté le hockey junior à l’échelle nationale dans ses relations avec Hockey Canada et l’IIHF, à une époque où le Championnat mondial junior connaissait une popularité fulgurante.
Courteau a quitté son poste de Commissaire en mars 2023. Entre son passage dans les bureaux de la ligue, et ses périodes avec les Draveurs de Trois-Rivières et les Remparts de Québec d’origine, son œuvre représente 47 années de service à la LHJMQ. Un mois avant la fin de son aventure dans la « Q », on annonçait officiellement que le trophée remis aux champions des séries éliminatoires de la ligue, jusqu’alors connu sous le nom de Coupe du Président, serait renommé Trophée Gilles-Courteau. Un modeste témoignage de reconnaissance envers l’homme qui n’a pas seulement mis la LHJMQ sur la carte, mais l’a menée vers de nouveaux horizons, tant sur la glace qu’au-delà.









































































