Trois Denis, 150 bougies
Ils sont nés le même jour, la même année. Ils ont grandi dans le même quartier, ont joué sur le même trio dans les rangs juniors. Denis Savard, Denis Tremblay et Denis Cyr vivront un autre moment ensemble, leur 50e anniversaire, le 4 février.
Les « Trois Denis » se sont connus à Verdun, le quartier de leur enfance, où ils ont fait la pluie et le beau temps sur la glace dès l’âge de 8 ans.
C’est avec le Junior de Montréal, sur le même trio, qu’ils ont connu leurs heures de gloire ensemble. En 1977-1978, ils ont marqué un total de 299 points. L’année suivante, ils en ont empilé 366.
« C’est remarquable ce qu’on a fait ensemble chez les juniors pendant deux ans et demi, s’est rappelé Tremblay à Culture physique. Je souhaite qu’on voie encore un trio aussi productif, mais ça m’étonnerait. »
Tout a commencé à Verdun, où les trois se sont connus et ont appris à devenir des joueurs de hockey.
« Verdun, c’était toute une ville de hockey à l’époque, se rappelle Savard. Il y avait des programmes de hockey exceptionnels. On a eu un instructeur, Aldo Giampolo, qui nous a donné de la discipline. Je garde de très bons souvenirs de cette époque. »
« Les trois, on était issus de bonnes familles, ajoute Savard. Nos parents nous soutenaient dans tout. Ma mère a, par exemple, gardé tous les articles de journaux où j’étais mentionné. J’ai 25 albums! »
À se côtoyer aussi souvent sur la glace et à l’extérieur, les anecdotes sont nombreuses. Tremblay garde notamment un souvenir douloureux d’une séance d’entraînement, où Cyr lui a fait perdre quelques dents.
« Entre les exercices, on se parlait pour prévoir nos mouvements. On faisait souvent des croisements. Sauf que sur un jeu, on s’est croisé à la ligne bleue et le bâton de Denis est resté suspendu. On ne portait pas de visière à l’époque et j’ai perdu trois dents. »
Les trois ont aussi passablement voyagé ensemble durant leurs années dans le hockey mineur. Le père de Savard, Arthur, agissait souvent comme chauffeur, mais ne prenait pas toujours le chemin le plus court.
« Je me souviens qu’on se regardait dans la voiture en se demandant par où il passait, explique Tremblay. Il nous faisait visiter la ville presque au complet pour se rendre au Centre Paul-Sauvé. »
Que sont-ils devenus?
Denis Savard, Denis Cyr et Denis Tremblay ont créé des étincelles dans les rangs juniors, mais tous n’ont pas vécu la même euphorie plus tard dans leur carrière.
Denis Cyr |
Du lot, Savard a fait le plus sa marque, avec 1338 points, dont 473 buts, en 1196 matchs avec les Blackhawks de Chicago, qui l’ont repêché en 1980 (3e au total), le Canadien de Montréal et le Lightning de Tampa Bay. Des chiffres qui lui ont valu une place au Temple de la renommée.
Cyr, choix de premier tour des Flames de Calgary en 1980 (13e au total), a presque toujours fait la navette entre la LNH et la Ligue américaine et n’a disputé que 193 rencontres dans le grand circuit.
« Ça a quand même bien fonctionné, pense Cyr. J’ai joué pendant sept ans. Je n’ai pas eu une carrière digne du Temple de la renommée, mais je n’ai pas de regrets. J’ai fait de mon mieux. »
Tremblay, lui, n’a jamais été repêché. Mais il a quand même eu un essai avec les Bruins de Boston, qui l’ont cependant retranché. Il n’a jamais joué dans la LNH. « Je n’ai jamais eu le talent d’un Denis Savard. Quand je regarde ma carrière, je n’ai jamais été au bon endroit au bon moment. »
Savard est le seul qui est toujours associé au monde du hockey, avec le titre d’ambassadeur des Blackhawks. Tremblay est facteur à Postes Canada, tandis que Cyr travaille à la bourse. Trois chemins différents, mais qui n’ont pas empêché les trois de se revoir.
La bonne entente règne toujours entre les trois et la blague n’est jamais très loin. Tremblay ne manque d’ailleurs pas d’écorcher Cyr pour le décrire.
« Des trois, c’est celui qui mangeait le plus. Je suis sûr qu’il mange un sandwich en ce moment! »