Le «marteau grec» s’est fait un nom à Gatineau
Quand Alexandros Soumakis est devenu le premier joueur à enfiler le chandail et la casquette des Olympiques de Gatineau au dernier repêchage de la LHJMQ, plusieurs partisans ont froncé les sourcils.
Les Olympiques n’avaient pas de choix de première ronde et rendu au deuxième tour, les finalistes de la coupe du Président ont arrêté leur choix sur un petit attaquant de 5’5’’ de 17 ans des Lions du Lac St-Louis.
Ce que les partisans ne savaient pas, c’était que ce minuscule joueur pesait aussi 178 livres, qu’il patinait à la vitesse de l’éclair, qu’il avait un tir foudroyant en plus de traîner la réputation d’être le plus dur cogneur de la Ligue midget AAA.
D’ailleurs, le jour même du repêchage, le directeur du recrutement des Olympiques, Renaud Lemay, avait avisé les partisans gatinois de ne pas trop s’attarder à la taille de ce champion de la coupe Jimmy-Ferrari qui venait d’inscrire 13 buts et 19 points en 13 matches des séries éliminatoires.
«C’est sûr qu’au départ, les gens vont questionner sa taille, mais ils vont vite réaliser qu’il joue comme un gars de six pieds. Nous considérons qu’il s’agissait du joueur qui cognait le plus solidement dans la Ligue midget AAA. C’est un gars explosif sur patins et il est très intense. Il va produire offensivement et les gens de Gatineau vont l’adopter tout de suite. C’est un Olympique à 100%. Il me fait penser à Bruno Lemire.»
Cinq mois plus tard, Soumakis pèse désormais 193 livres et frappe encore plus fort sans rien avoir perdu de sa vitesse. Le «marteau grec» a donné raison à Renaud Lemay en devenant rapidement un favori de la foule du centre Robert-Guertin.
En marquant 10 buts et en totalisant 19 points après 19 parties, il est une des six recrues de la LHJMQ à maintenir une moyenne d’au moins un point par match. Son différentiel de +12 est le meilleur de l’équipe.
Malheureusement, Soumakis devra passer le prochain mois à se rétablir d’une fracture du doigt. L’incident est survenu le samedi 19 novembre. Soumakis a été blessé en bloquant un tir pendant la période de prolongation contre l’Armada de Blainville-Boisbriand. Les Olympiques ont fini par remporter le match 4-3 un peu grâce à lui. Soumakis avait inscrit les deux premiers buts des siens.
La blessure survient à un mauvais moment alors que l’infirmerie des Olympiques déborde d’attaquants blessés. Malgré sa taille, Soumakis commençait à attirer l’attention des recruteurs en raison de ses nombreuses qualités.
Pour le Montréalais d’origine grecque, des joueurs comme Nathan Gerbe (5’5’’ et 173 livres) et Martin St-Louis (5’8’’ et 176 livres) lui donnent espoir de pouvoir évoluer dans la LNH malgré le désavantage de sa taille. St-Louis n’a jamais été repêché dans la LNH et Gerbe a été un choix de cinquième ronde en 2005.
«Je regarde les deux. Je vois les choses qu’ils font sur la glace et j’aime penser que je pourrais faire comme eux. Il y a des tonnes de gens qui pensent que je n’y arriverai pas et ça me sert de motivation», dit-il.
À sa première saison dans le circuit Courteau, Soumakis se dit satisfait de la façon dont les choses se déroulent. «Je suis content de mon jeu, mais il faut dire que je ne pourrais pas tout faire seul. Je suis bien entouré et je ne vais pas m’arrêter là. Je ne serai jamais satisfait. Il n’y a pas que les points qui comptent. Les succès de l’équipe doivent passer en premier.»
Reconnu pour son oeil critique, Benoît Groulx pense que sa recrue a le potentiel d’évoluer dans la grande ligue un jour. Pour ce faire, il ne lâchera pas d’une semelle afin de soutirer le maximum de son ailier gauche. «Quand il joue son style comme il en est capable, il devient un joueur extrêmement important pour notre équipe. C’est en mettant ce style en pratique qu’il se fera remarquer par les dépisteurs de la LNH. Sans ça, il passe inaperçu.»
Quand il reviendra au jeu à la fin du mois de décembre, Soumakis devra poursuivre là où il a laissé le 19 novembre dernier. Il devra faire ce qu’il fait de mieux depuis qu’il est dans le hockey organisé: convaincre les sceptiques.