Jason Pominville, un retrait de chandail mérité à coups d’efforts
«Ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. Tellement de choses peuvent se passer.»
Choix de quatrième tour en 1998 dans la LHJMQ. Seulement quatre buts, et 21 points en 60 rencontres à sa première saison. Et pourtant…
Jason Pominville n’a jamais abandonné. Et samedi, il a reçu le plus bel honneur qu’un joueur peut recevoir par son équipe au sein de la LHJMQ : le numéro 50 du vétéran de 15 saisons dans la LNH a été retiré par les Cataractes de Shawinigan avant la rencontre contre l’Armada de Blainville-Boisbriand, au Centre Gervais Auto.
«J’ai essayé de me retenir, mais c’est certain que c’était émotif, a avoué Pominville aux journalistes, après la cérémonie. Je suis heureux que ce soit fait. J’ai tout de suite pensé aux souvenirs vécus à Shawinigan, lorsque j’ai joué ici. J’ai pensé aux amitiés que j’ai bâties, avec les joueurs et les entraîneurs. J’ai eu la chance d’être super bien dirigé.
Ça fait vraiment vieillir! C’est fou de voir que mon nom est aux côtés de celui de Patrick Lalime, avec lequel j’ai joué. Sergio Momesso, qui m’a déjà dirigé (il était entraîneur adjoint à Shawinigan en 2001-2002, NDLR), s’y trouve également.»
Un exemple de travail
Tous ceux qui ont côtoyé l’ancien des Sabres de Buffalo et du Wild du Minnesota dans la LNH s’entendent pour le dire : s’il reçu cet honneur, c’est qu’il a redoublé d’ardeur pour atteindre ses buts.
Après sa campagne de 21 points, Pominville a explosé : il a obtenu 113 points en 71 rencontres lors de la saison 2000-2001. Ça a attiré l’attention des Sabres de Buffalo, qui l’ont repêché au deuxième tour du repêchage 2001 de la LNH.
Il a fait encore mieux la saison suivante, avec 121 points, dont 57 buts en 66 matchs. Pominville a terminé son parcours à Shawinigan avec 255 points en 199 rencontres, ce qui le place au 19e rang de l’histoire pour la plus vieille concession de la LHJMQ.
«Je jouais Bantam AA lorsque j’ai été repêché dans la LHJMQ, et mon nom a été appelé un peu plus tard, a raconté le natif de Repentigny. À ce moment-là, j’étais un peu plus petit, mais j’ai continué de progresser. Je suis heureux de m’être retrouvé à Shawinigan, qui m’a donné la chance de jouer.
«Beaucoup de choses peuvent se passer de ton repêchage junior jusqu’à tes débuts dans la LNH. Alexandre Burrows, David Desharnais, Marc-André Bergeron et Pascal Dupuis n’ont jamais été repêchés, et ils ont tous joué beaucoup de rencontres dans la LNH. Tu ne dois jamais abandonner. C’est sûr que tu dois faire des efforts, tu dois être conscient que ce sera difficile. Mais si tu le fais, tout est possible.»
Une personne qui peut témoigner de l’ardeur du travail de celui qui compte 727 points en 1060 rencontres dans la LNH, c’est bien son entraîneur-chef à Shawinigan, Denis Francoeur. C’est lui qui l’a gardé avec les Cataractes pour la campagne 1999-2000.
Finalement, Francoeur a eu un réel plaisir de diriger Pominville.
«Souvent, comme entraîneur, tu aimes avoir des joueurs qui veulent apprendre, qui en demandent et qui veulent s’améliorer, a-t-il affirmé. Jason, c’était exactement ce type de joueur-là, autant sur qu’hors glace. Il fallait le nourrir constamment, c’était un passionné qui voulait apprendre.
«C’était également un excellent coéquipier, il a d’ailleurs été capitaine dans la LNH. Nous entendons souvent que dans le hockey, les dirigeants cherchent des bonnes personnes. À cette époque-là, Jason avait déjà une influence sur ses coéquipiers. Ce n’était pas le plus bavard, mais il était un leader par l’exemple qu’il donnait.»
Spécial pour les enfants
Lorsque Pominville plonge dans ses souvenirs de la ville de Shawinigan, il pense aussitôt à l’Aréna Jacques-Plante. À l’époque, cet amphithéâtre commençait déjà à ressentir le poids des années. Les Cataractes ont finalement quitté l’Aréna Jacques-Plante en 2008, pour jouer dans le Centre Gervais Auto actuel.
«L’amphithéâtre actuel des Cataractes est incroyable, mais je dois avouer que l’Aréna Jacques-Plante avait quelque chose de spécial, s’est remémoré le numéro 50. Il y avait quelque chose d’intimidant pour les équipes adverses. Les partisans en avaient vraiment contre eux. Pour l’équipe locale, c’était tout un avantage.»
Pour revenir à la journée de samedi, Pominville est surtout heureux de la cérémonie pour une raison.
Cette fois, c’est le père de famille qui parle.
«Ce qui me rend le plus fier, c’est que mes enfants aient maintenant l’âge de réaliser ce qui se passe. Ils comprennent maintenant ce que papa faisait. C’est vraiment touchant pour moi qu’ils aient pu voir tout ça en personne.»