Anthony Duclair boucle la boucle
En septembre dernier une tuile s’est abattue sur la tête des dirigeants des Remparts de Québec. Un interurbain, en provenance de New York, leur apprenait que leur meilleur joueur, Anthony Duclair, avait percé l’alignement des Rangers et qu’il débuterait la saison avec eux. Perdre un marqueur de 50 buts n’est jamais facile, mais les Diables rouges se sont quand même bien débrouillés pendant son absence, se tenant tant bien que mal parmi les bonnes équipes de la Ligue. De son côté Anthony faisait du bon boulot avec les Blueshirts en récoltant un but et amassant six passes en 18 rencontres. Il a évidemment observé quelques rencontres du haut de la passerelle, ce qui est le lot de bien des jeunes qui graduent à 19 ans dans le circuit Bettman. « Je m’y attendait, car le coach Alain Vigneault m’avait laissé sous-entendre que je ne serais pas en uniforme tous les soirs. J’ai fait mon apprentissage graduellement et ç’a été bénéfique pour moi de voir le jeu se dérouler d’une autre façon. » Dans la Grosse Pomme il a pu compter sur des vétérans comme Martin Saint-Louis et Derrick Brassard qui ont facilité son adaptation.
Championnat du monde
C’est sans surprise que les Rangers ont prêté ses services à Équipe Canada junior pour défendre les couleurs du pays au championnat mondial en décembre dernier. Ses quatre buts et autant de passes en sept rencontres ont aidé son club à mériter les grands honneurs.
« Avant de quitter pour le tournoi, j’ai reçu un texto de Martin Saint-Louis. Le message était court, mais significatif. Il disait de profiter du moment et de m’amuser. C’est ce que j’ai fait.
Nous avons eu beaucoup de plaisir. Ce fut ma plus belle expérience en tant que joueur junior. Je jouais chez moi à Montréal, devant parents et amis. Si nous avons gagné, c’est parce que chacun comprenait et acceptait son rôle dans l’équipe. Ce genre d’engagement est primordial lorsque tu veux aller loin. Les liens étaient solides entre nous et c’est cette attitude de gagnant que je veux amener à Québec. C’est important de sortir de ta zone de confort et de pousser la machine encore plus loin. D’ailleurs lorsque j’ai su que je revenais avec les Remparts je n’étais pas déçu. Ce n’est pas évident de jouer régulièrement dans la Ligue nationale à mon âge et de toute façon, lorsque je suis resté à New York en septembre dernier ce fut une surprise. Moi dans ma tête je passais l’hiver à Québec et j’aidais mon équipe à connaître une bonne saison, à tirer son épingle du jeu en séries et à tout donner pour ramener la coupe Memorial à Québec. C’est quelque chose de gros ce tournoi on n’a pas souvent la chance d’être assurés d’y être comme nous. Par contre ici à Québec une chose est claire dans le vestiaire : nous voulons être de cette grande fête printanière non pas en tant que ville hôtesse, mais en tant que champions de la ligue. » C’est d’ailleurs le message que les dirigeants des Rangers lui ont passé en lui indiquant la direction de Québec. De continuer à travailler fort et d’être un leader avec le club.
Pour son coach Philippe Boucher, la joie était palpable. « C’est évident qu’on est content de le revoir avec nous. On insère dans l’alignement un des meilleurs joueurs de la Ligue sans rien donner en retour. Nous avons dans le junior majeur une mission de développement. Nous préparons les joueurs pour accéder à un niveau supérieur. Nous aurions été heureux pour Anthony s’il était demeuré à New York, mais c’est une belle surprise de l’avoir avec nous. »
Un retour plus ardu que prévu
Contre toute attente, son retour avec les Remparts a coïncidé avec une période plus difficile. Le club a compilé un dossier de deux victoires et six revers, dont trois au Colisée au début de l’année et Philippe a été obligé de sortir le fouet pour redonner le goût du travail aux siens. « C’est certain qu’il y a eu une période d’ajustement et personnellement au début je n’étais pas satisfait de mon jeu, je savais que je pouvais en donner plus. Je n’hésite pas à me mettre beaucoup de pression sur les épaules. Lorsque les vétérans montrent le chemin, les plus jeunes suivent. C’est à nous de prendre les choses en main. Lorsque Philippe nous a imposé un entraînement punitif après une contreperformance, nous n’étions pas surpris. Nous le savons tous que le talent sans effort ne mène nulle part, il est bon de se le faire rappeler de temps à autre. »
Depuis son retour avec les Remparts, Anthony a compilé un dossier de 7 buts et 15 passes pour 22 points en 17 parties. Cette moyenne supérieure à plus d’un point par match, en date du 23 février, satisferait nombre d’entre nous. C’est mal connaître Anthony, qui veut toujours en donner plus à son équipe. Sa mission est claire : à la fin mai, il veut se promener sur la Grande Allée en soulevant un certain trophée au-dessus de ses épaules.