La troisième fois est la bonne
Si vous ne réussissez pas du premier coup, essayez et essayez encore.
Il s’agit d’un proverbe qui existe depuis des lunes et qui est intimement relié aux vertus de la persévérance et du dévouement.
Mais pour les attaquants Félix Bibeau et Rafaël Harvey-Pinard – deux joueurs ayant connu une progression remarquable depuis leurs premiers coups de patin dans la LHJMQ en 2015-2016 – s’essayer n’a jamais été le problème, ils voulaient plutôt prouver qu’ils méritaient leur chance.
Avançons jusqu’au weekend du 21 et 22 juin 2019 et c’est dorénavant très clair; tout leur travail acharné a finalement été récompensé. Le point culminant de plusieurs années de pratique et de sacrifices est survenu lorsque Bibeau et Harvey-Pinard, tous deux âgés de 20 ans, ont été sélectionnés au Repêchage LNH de 2019.
Être repêché par une franchise de la LNH est toujours un exploit remarquable, mais ce l’est encore plus quand on y parvient à sa troisième année d’admissibilité.
« Je savais que j’étais rendu à 20 ans et que mes chances d’être repêché étaient moins élevées », a admis Bibeau. « Je ne me suis pas déplacé à Vancouver [où avait lieu le repêchage] en me disant que, si j’étais choisi, je serais chez moi avec ma famille. Je ne m’étais fixé aucune attente donc le feeling d’être repêché était dur à battre! C’était une surprise et j’étais vraiment heureux de l’apprendre! »
Les Islanders de New York sont ceux qui ont prononcé le nom de Bibeau, attendant jusqu’au 6e tour avant d’utiliser le 178e choix pour s’emparer du natif de Mercier, Québec.
C’était un scénario quasi-identique pour Harvey-Pinard, le coéquipier de Bibeau avec les Huskies de Rouyn-Noranda au cours des quatre dernières saisons.
« Je savais que j’avais des chances, mais je savais qu’elles étaient minimes aussi », reconnaît-il. « Ce sont souvent les joueurs de 17-18 ans qui ressortent. Donc de se faire repêcher à 20 ans, c’est assez spécial! C’était vraiment une belle surprise pour ma famille et moi. »
Entendre son nom se faire prononcer par n’importe laquelle des 31 franchises de la LNH est rien de moins qu’exceptionnel. Mais il s’agissait de bien plus qu’un simple rêve devenu réalité pour Harvey-Pinard. Le natif de Jonquière, Québec a été sélectionné 23 rangs après Bibeau par nul autre que l’équipe qu’il a supporté toute sa vie : les Canadiens de Montréal.
La cerise sur le sundae
Il va sans dire que le Repêchage LNH était un moment mémorable pour les deux jeunes hommes. En septembre dernier, aucun d’eux n’aurait pu prédire l’aventure qu’ils étaient sur le point d’amorcer. À ce moment-là, Bibeau et Harvey-Pinard, respectivement l’un des capitaines adjoints et le capitaine des Huskies la saison dernière, étaient encore en train de s’imaginer les plus beaux scénarios possibles pour la campagne 2018-2019.
Dix mois plus tard, ils ne s’attendaient pas à ce que leurs rêves les plus fous soient devenus réalité.
Les deux joueurs étoiles ont mené Rouyn-Noranda vers une saison record dans laquelle les Huskies ont égalé un record de la LCH avec 25 gains consécutifs en plus de terminer au sommet du classement général avec 59 victoires, un record de la LHJMQ. Le tout avant d’aider les Huskies à remporter la Coupe du Président, et éventuellement la Coupe Memorial.
Avant de devenir un choix des Islanders, Bibeau a connu une saison fantastique en 2018-2019 durant laquelle il a cumulé 69 points en 63 matchs, un sommet en carrière. Il a poursuivi sur sa lancée en séries, amassant 29 autres points en 20 matchs, tout juste avant de conclure la Coupe Memorial avec cinq buts en autant de rencontres, le plus haut total du tournoi.
Pour Harvey-Pinard, la situation était assez similaire. Il a lui aussi atteint de nouveaux sommets personnels en trouvant le fond du filet à 40 reprises pour amasser 85 points en 66 matchs de saison régulière. Il poursuivit en ajoutant 13 buts et 27 points en 20 parties durant les éliminatoires, avant d’amasser six points en cinq rencontres à la Coupe Memorial.
Les deux hommes s’entendent pour dire que c’est le succès monstre de leur équipe qui leur a permis d’attirer les regards des dépisteurs de la LNH qu’ils n’avaient pas été en mesure de convaincre au cours des deux dernières saisons.
« Le fait d’avoir eu une aussi bonne équipe m’a aidé car on a eu beaucoup de visibilité. En jouant en finale de la ligue et à la Coupe Memorial, il y a beaucoup plus de personnes qui te regardent », mentionne Bibeau. « Par exemple, dans mon cas, juste le fait de jouer avec Noah Dobson a fait en sorte que le personnel de développement des Islanders a suivi Noah toute la saison. Ils ont donc pu me voir jouer un peu plus souvent. »
« Je crois que c’est mon coup de patin qui faisait surement un peu peur aux recruteurs », ajoute Harvey-Pinard. « Mais d’année en année je l’ai amélioré. Je pense que le fait qu’on se soit rendu loin en séries et à la Coupe Memorial a permis aux recruteurs de s’en rendre compte en me voyant plus souvent en action. C’était bénéfique pour moi! »
Et pour la suite?
Avec la saison sensationnelle des Huskies maintenant gravée dans les livres d’histoire de la ligue, l’équipe de Rouyn-Noranda a décidé qu’elle était mieux d’entamer son processus de reconstruction dès maintenant. Pour y arriver, la franchise a dû échanger ses vétérans pour faire place à la jeunesse.
Ainsi, avant le dernier Repêchage LHJMQ, l’équipe de l’Abitibi a annoncé qu’elle échangeait Bibeau aux Remparts de Québec et qu’elle envoyait Harvey-Pinard chez les Saguenéens de Chicoutimi. Bien que les deux joueurs étaient déçus de devoir quitter l’équipe championne qui les avait repêchés en 2015, ils sont tout aussi excités pour le futur.
Pour Harvey-Pinard, tous les astres semblent alignés. Après s’être procuré deux bagues de championnat, il aura maintenant la chance de représenter les deux équipes qu’il a suivi en grandissant, les Saguenéens et les Canadiens!
« Après la Coupe Memorial je disais que je venais de vivre une année parfaite, mais là elle est encore plus parfaite! », dit-il en riant. « Gagner deux coupes, après ça être repêché par les Canadiens, en plus d’avoir été échangé à mon équipe d’enfance et d’être nommé capitaine, je ne pouvais demander mieux au cours des trois derniers mois. J’ai vécu toutes sortes d’émotions que je suis content de vivre! »
Alors qu’il était encore tout petit, Harvey-Pinard se souvient que ses parents lui laissaient briser son couvre-feu pour regarder les matchs des Canadiens. Avec les souvenirs de toutes ces soirées passées à écouter le hockey en famille en tête, sa sélection par Montréal en était une qui était évidemment très émotionnelle.
« Ironiquement, j’étais assis dans le salon avec ma sœur et mes parents et on suivait le Repêchage à la télé », se souvient-il. « Mon agent m’a ensuite texté que j’allais être repêché sous peu. Quand j’ai regardé la télévision, je me suis rendu compte que c’était au tour des Canadiens. C’était malade! Quand on a vu mon nom apparaître à l’écran, ma sœur s’est mise à pleurer, ensuite mes parents, donc je me suis mis à pleurer moi aussi! »
Pour Bibeau, de s’être rendu jusqu’ici dans sa carrière est une question de croire en soi, et c’est ce qui le motive pour la suite de sa carrière.
« Depuis mes débuts dans la LHJMQ, ça n’a pas toujours été facile. Mais j’ai continué à travailler et à croire en moi », dit-il avec fierté. « Je sais que l’année 2019 va être dure à battre, il y a eu énormément de belles choses qui me sont arrivées. Pour moi, le fait d’être repêché c’est là une récompense pour tous mes efforts pendant toutes ces années! »
Avec la pression d’être sélectionnés dans la LNH derrière eux, les deux joueurs regardent maintenant vers l’avant. À 20 ans, Bibeau et Harvey-Pinard ont deux options pour la prochaine saison ; jouer une dernière année dans la LHJMQ, ou jouer une première année de hockey professionnel.
Dans la bonne direction
Le rêve de tout hockeyeur est de jouer dans la LNH un jour. Pour Bibeau et Harvey-Pinard, ce rêve est plus près que jamais, mais il est encore bien loin.
Pour la première fois de leurs vies, les deux travailleront durant la saison morte avec comme objectif de prouver à leurs formations de la LNH qu’elles ont fait le bon choix en les sélectionnant le mois dernier.
« Mon objectif premier est d’avoir un bon été d’entraînement. Je ne me suis pas encore fixé d’objectifs mais si j’ai la chance de jouer dans la Ligue Américaine l’année prochaine, je vais la prendre », mentionne Bibeau. « J’ai toujours voulu jouer au plus haut niveau, mais je ne serais pas déçu du tout de faire un retour dans la LHJMQ avec les Remparts. Je ne me fais pas d’attentes donc, que ce soit une option ou l’autre, je vais être heureux et je vais jouer au hockey! Que veux-tu de plus? »
Dans le cas de Harvey-Pinard, il a comme objectifs personnels des éléments assez similaires.
« C’est sûr que mon objectif est de jouer pour le Rocket de Laval et je vais m’entraîner tout l’été à 100% pour ça », dit-il. Par contre, si le vétéran devait faire un retour dans le junior, il va le faire en savourant chaque instant qu’il passera au sein de l’autre équipe qu’il a tant admirée en grandissant.
« En bout de ligne, si les Canadiens décident que c’est mieux pour moi de retourner jouer junior, je ne suis pas mal pris puisque je vais jouer avec les Saguenéens. C’est l’équipe de ma région et on va avoir une très bonne équipe. Donc peu importe le scénario qui se passe, je vais avoir une belle saison l’année prochaine! »