L’Avantage de la Glace
La poursuite du rêve prend un tout autre sens quand c’est dans ta cour.
Pour de nombreux joueurs participant au tournoi de la Coupe Memorial 2019 présentée par Kia, une occasion unique se présente. Au sein des deux clubs qui représentent la LHJMQ, soit les Mooseheads de Halifax, hôtes du tournoi et les Huskies de Rouyn-Noranda, champions de la Coupe du Président, pas moins de 13 joueurs sont originaire des Maritimes. Ils poursuivent ainsi le rêve de conquête d’un titre national dans leur cour.
C’est un avantage de la patinoire qui ne se produit pas chaque jour, voire même chaque décennie. Si bien que tous ceux qui vivent l’expérience ont avantage à profiter de ce grand privilège.
Un voyage incroyable
Il y a 11 mois, Jared McIsaac était au nord-est du Texas, serrant la pince aux membres de la direction des Red Wings de Detroit, l’équipe qui venait de le sélectionner au deuxième tour du Repêchage de la LNH de 2018 à Dallas. Depuis ce weekend mémorable dans le sud des États-Unis, les déplacements de McIsaac l’ont transporté à son premier camp d’entraînement chez les Red Wings ainsi qu’à Vancouver pour le Championnat du monde junior de l’IIHF de 2019.
Ce weekend, McIsaac, qui est né et a grandi à Truro, à une heure de route de Halifax, vient conclure cette année transformatrice là où tout a commencé, à la maison.
« Ce furent 12 mois bien occupés », confirme McIsaac. Il n’y a pas d’autre endroit où je préférerais conclure ce parcours. C’est exactement là où je désire être. C’est un temps palpitant ici à Halifax et puisque je viens des Maritimes et que je suis fier de mes origines, c’est encore plus spécial. »
McIsaac était un des nombreux jeunes de la région qui venait passer des après-midis et des soirées dans les arénas de la LHJMQ pour encourager leurs héros. Dans son cas, un attrait familial a aussi motivé ces périples de jeunesse entre Truro et Halifax.
« Je suis venu voir un grand nombre de matchs plus jeune avec mes parents et d’autres membres de ma famille. Mon oncle John McIsaac était arbitre dans la LHJMQ à l’époque (aujourd’hui dans la LNH) alors nous venions le voir. Bien sûr, il y avait les Mooseheads et leur parcours historique de 2013. Ce sont de beaux souvenirs pour moi. »
Le rêve de jouer avec les Mooseheads s’est réalisé pour le vétéran de trois saisons quand il a été réclamé au deuxième rang par Halifax au Repêchage de la LHJMQ en 2016. Réclamé de l’équipe midget AAA du Wolf Pack de Cole Harbour, McIsaac n’a que de bons mots pour les dirigeants du hockey mineur.
« Je crois que l’Association de hockey de la Nouvelle-Écosse a fait du bon travail de développement des joueurs grâce à ses programmes de haute performance. Ses programmes pour les moins de 14 ans et les moins de 15 ans offrent un beau comparatif du calibre de jeu et des joueurs des autres provinces. Cela vous ouvre les yeux sur ce à quoi ressemble la scène nationale. J’ai eu le privilège de profiter de cette occasion. Ils ont fait du très bon travail et je crois que cela ne fait que s’améliorer. »
Ce sont en effet de bons mots et question d’amélioration continue, McIsaac sait de quoi il parle.
Une perspective unique
L’attaquant des Huskies de Rouyn-Noranda Tyler Hinam a grandi à Halifax. Comme de nombreux autres jeunes du coin, il a été partisan des Mooseheads pendant son enfance. Là où son parcours se distingue est que son père, Mark, a été un employé des Mooseheads à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
« J’ai célébré mon premier anniversaire dans les estrades à la Coupe Memorial de 2000 (à Halifax) », raconte Hinam après avoir mené les Huskies à une victoire sur les Mooseheads dans le sixième match de la finale de la Coupe du Président. « Je vais jouer ici pour mon 20e anniversaire alors c’est incroyable. »
Les anciennes allégeances sont toutefois mises de côté chez les Hinam. Son clan portera fièrement l’uniforme de Rouyn-Noranda pendant la semaine. Pour l’athlète originaire de Cole Harbour, c’est une rare occasion qu’il chérit.
« Mes parents n’ont pas la chance de me voir jouer autant puisque je joue à Rouyn-Noranda, dit-il. Que le tournoi soit ici et que je puisse le disputer devant mes parents, et mes amis est très spécial. J’ai 20 à 25 personnes qui sont venues me voir, que ce soit des membres de ma famille, des amis et ma famille d’accueil de Rouyn-Noranda. »
Jouer pour les Macs de Halifax dans les rangs midgets AAA a été une étape majeure dans le parcours de Hinam vers la Coupe Memorial. Depuis le début de ce périple, la liste de personnes qui ont participé aux succès de ce vétéran de trois saisons est assez longue.
« Il y a eu de grands entraîneurs bénévoles qui ont investi leur temps et m’ont aidé à progresser pour que j’en arrive là où je suis rendu. Je suis reconnaissant envers eux et pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. »
Tout le monde, de ses amis, ses parents et ses entraîneurs, et Hinam compris, profite de l’occasion cette semaine pour récolter les dividendes du temps investi.
Ma ville d’origine
Au premier tour du Repêchage de la LHJMQ en 2017, les Mooseheads de Halifax ont utilisé leurs deux premiers tours de sélection pour réclamer le défenseur Justin Barron. Il est immédiatement devenu le plus récent d’une longue liste de jeunes de la ville qui ont enfilé le chandail du club au Repêchage après l’avoir d’abord porté dans les estrades comme partisans.
Produit du programme des Macs de Halifax midget AAA, le passage de Barron chez les Mooseheads a été mémorable. Cette semaine toutefois, de nouveaux souvenirs se créent pour le défenseur de deuxième année alors que plusieurs visages familiers l’encouragent depuis les estrades où il se trouvait auparavant.
« J’ai grandi comme partisans des Mooseheads alors simplement avoir l’occasion de jouer pour cette équipe est très spécial », raconte Barron. « En 2013, quand ils ont remporté la Coupe Memorial ici à la maison, c’était vraiment spécial de voir comment les partisans étaient engagés et combien ils appuyaient l’équipe. Accueillir la Coupe Memorial dans ma ville d’origine avec autant de parents et d’amis dans les estrades est vraiment une expérience incroyable. »
Pour Barron, c’est le summum d’une saison spéciale et remplie d’avantages dont il a su profiter à fond.
« Pour moi, c’est un plus de vivre à la maison et de dormir dans mon lit », fait-il remarquer. « Je me sens très privilégié d’avoir cette occasion. Ce n’est pas quelque chose que beaucoup des gars peuvent faire. Je suis très chanceux de vivre chez moi et de jouer dans ma ville. »
Comme l’équipe elle-même, Barron s’est développé de façon impressionnante au cours des deux dernières saisons. Jouant un rôle plus important alors que les Mooseheads ont procédé à plusieurs changements au groupe de joueurs en raison de blessures, de transactions et de tournois internationaux au cours de la saison, le numéro 20 des Mooseheads a accepté le mandat accru à bras ouverts et cela lui a permis de briller.
Barron valorise beaucoup le développement qu’il a connu au hockey mineur à Halifax.
« (Le hockey mineur) a joué un rôle énorme dans mon développement », dit-il. « Je sais que les Maritimes sont parfois ignorées, mais la région s’améliore d’année en année et se fait de plus en plus remarquer. De bons joueurs sortent d’ici chaque année. »
En ce sens, Barron est un des nombreux joueurs à avoir profité de cette attention et avec raison.
Une oasis sur l’île
Ayant grandi à Summerside sur l’Ile du Prince Édouard, Noah Dobson a fait ses premiers pas vers le firmament du hockey dans les rangs juniors. Ces étapes ont été marquées par plusieurs revirements positifs, particulièrement au cours des trois dernières années.
Après avoir été réclamé par les Islanders de New York au premier tour du Repêchage de la LNH en 2018 et porté les couleurs d’Équipe Canada à Vancouver avant de s’amener avec la meilleure équipe de la LCH en janvier, il revient avec bonheur dans les Maritimes pour réaliser la conclusion de son passage dans la LHJMQ.
« Les 12 derniers mois ont été un peu fous », remarque Dobson. Beaucoup de rêves se sont réalisés. C’est un privilège de disputer ce tournoi. Pouvoir le faire près de la maison est palpitant. J’ai beaucoup de parents, d’amis et d’anciens entraîneurs qui sont ici. J’essaie vraiment d’en profiter et je sais que c’est le cas pour eux aussi. »
Ces entraîneurs s’inscrivent dans une lignée de personnes qui ont bien servi le vétéran de trois saisons dans son développement.
« J’ai eu beaucoup de bons entraîneurs de hockey mineur au fil des années », rappelle Dobson. « Rodney MacArthur a été un des gars qui m’a dirigé pendant quelques saisons. Je suis bon ami avec son fils et nous sommes restés en contact. Il était présent à notre match d’ouverture (contre le Storm de Guelph). C’était toute une tête de hockey et il m’a aidé à réfléchir sur la patinoire. »
Dobson est un de nombreux joueurs dans la région qui sont à l’avant-plan de la prochaine vague de talents professionnels. Comme c’est le cas de tous ceux qui se retrouvent dans sa situation, il n’oublie jamais d’où il vient.
« C’est énorme », lance Dobson à propos de son rôle comme jeune tête d’affiche du hockey dans les Maritimes. « Provenant de l’Ile du Prince-Édouard, tu développes une fierté de tes origines. Il y a beaucoup de talent sur l’île. Il y a de plus en plus de jeunes qui gravissent les rangs et accèdent au niveau junior majeur. C’est bien d’être un modèle pour ces jeunes et de leur montrer que ce n’est pas parce qu’on vient d’une petite île qu’on ne peut pas jouer avec tout le monde. La taille de ton lieu d’origine ne compte pas. C’est une question de travailler dur et de te dévouer à ton sport. Tes rêves peuvent se réaliser, peu importe d’où tu viens. »
La taille de ta ville d’origine a peu d’importance relativement à l’ampleur de ton jeu. Déjà à son jeune âge, Noah Dobson n’a pas seulement appris cette règle d’or, mais il l’a adoptée. Pas de doute, l’île entière, y compris l’entraîneur MacArthur, en est bien fière.