Lewis et Verreault-Paul parmi les pionniers des Premières nations au sein de la LHJMQ
Francis Verreault-Paul est parti de loin. Il se souvient très bien des froides soirées d’hiver passées sur les patinoires extérieures dans sa communauté de Mashteuiatsh, près de Roberval.
« Les temps ont beaucoup changé. Quand j’ai commencé à jouer, on n’était pas dans une ligue fédérée. On jouait juste contre un autre village au Lac-Saint-Jean. J’ai connu l’époque des patinoires extérieures », rigole celui qui a porté les couleurs des Saguenéens de Chicoutimi entre 2003 et 2007.
Les jeunes hockeyeurs des Premières Nations ont aujourd’hui un meilleur accès aux infrastructures et à l’expertise qui leur permet de développer leur talent et d’atteindre les plus hauts niveaux. « Mais il reste encore plusieurs enjeux pour les communautés éloignées. Malgré tout, je pense que le hockey est plus accessible pour les jeunes autochtones », ajoute celui qui est directeur aux services de communications et des relations gouvernementales du Conseil en éducation des Premières Nations.
Il fonde d’ailleurs beaucoup d’espoir sur le comité gouvernemental sur le développement du hockey que préside Marc Denis, un autre ancien des Sags. « Il y a eu des recommandations qui ont été faites et j’entends déjà des retombées positives auprès des communautés autochtones à propos de certains partenariats qui sont en train de se créer », souligne-t-il.
De plus en plus de joueurs des Premières Nations atteignent des niveaux comme la LHJMQ. Ce fait démontre qu’en améliorant l’accessibilité au hockey, on donne un meilleur développement aux jeunes qui ont du potentiel.
Francis Verreault-Paul profitera de la journée de la Vérité et de la Réconciliation pour honorer ceux et celles qui ont séjourné dans les pensionnats autochtones. Il dit souhaiter qu’on puisse mieux comprendre l’impact de ce pan de l’histoire canadienne sur les communautés autochtones.
« C’est une journée où il va y avoir beaucoup de rassemblements et de partage de cette histoire-là. Ce sera une journée très importante, une journée que je vois comme une opportunité de se recueillir, de conscientiser toute la société sur cette partie d’histoire et d’avancer sur le chemin de la guérison », explique-t-il. « Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1998. C’est la génération de mes parents. Tout ça a encore un gros impact intergénérationnel. Je pense que ça va prendre encore plusieurs générations avant de pouvoir tourner la page. Disons que le chemin de la guérison est entamé, mais il reste encore du chemin à faire. »
Trey Lewis de retour dans sa communauté pour enseigner
Trey Lewis a connu une grande carrière au hockey dans la LHJMQ, puis au hockey universitaire. Il a joué une saison au Royaume-Uni, avant de retourner à la maison à Elsipogtog au Nouveau-Brunswick. Cette journée de la réconciliation sera aussi très importante pour cet ancien des Mooseheads d’Halifax.
« Ce sera une journée très spéciale, surtout du fait que je suis de retour à Elsipogtog pour enseigner. Je pense que c’est très important d’expliquer aux jeunes et au reste de la communauté ce que signifient les chandails oranges », raconte l’ancien défenseur.
Il se dit heureux de constater que les jeunes des Premières Nations ont de plus en plus la chance d’atteindre un haut niveau. « Les jeunes autochtones n’ont pas toujours eu ces opportunités dans le passé. Je me demande combien d’entre eux auraient pu avoir de belles carrières s’ils avaient eu plus de possibilités. La bonne nouvelle, c’est qu’on commence à s’attaquer à tous ces problèmes, et pas seulement comme autochtones, mais comme nation ».
On parle évidemment de racisme, mais aussi de pauvreté. Comme plusieurs autres, l’ancien défenseur a vécu des situations difficiles dans son parcours.
« Honnêtement, je suis très heureux de la façon dont la LHJMQ a géré ces situations. On m’a appelé pour me demander mon avis sur la question et avoir mon témoignage. Ils ont aussi demandé au joueur fautif de m’appeler pour s’excuser », explique-t-il. « Je crois qu’un des joueurs qui m’avait insulté a reçu une suspension de quatre parties, ce que j’ai trouvé très approprié. Quand on est jeune, on n’a souvent pas l’impression que nos propos peuvent être blessants », précise-t-il.
À son école, ils souligneront la journée de vendredi en regardant des vidéos et des documentaires, parce que Lewis croit au pouvoir de l’information.
En plus de son emploi comme enseignant, Trey Lewis est joueur-gérant des Hawks d’Elsipogtog, une équipe qui évolue dans la Ligue de hockey senior Beauséjour, au Nouveau-Brunswick. « C’est vraiment incroyable d’avoir une équipe dans notre communauté. Avec la pandémie, tous les petits villages se sont ennuyés du hockey. On va avoir beaucoup de plaisir cet hiver ».