Le Drakkar et les Voltigeurs misent sur du talent de classe mondiale
Qu’ils aient été repêchés et développés ou acquis par l’entremise d’une transaction, les joueurs importés peuvent parfois faire la différence entre la victoire et la défaite pour ceux qui visent un championnat dans la LHJMQ. Cette année, le Drakkar de Baie-Comeau et les Voltigeurs de Drummondville ont été récompensés par des moments clés de ces joueurs venus d’outre-Atlantique. Le contraste réside dans l’origine de ces joueurs au sein des deux clubs.
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Le directeur général des Voltigeurs, Yanick Lemay, savait qu’il avait une excellente équipe entre les mains lorsqu’il a pris les rênes du club l’été dernier, une équipe qui bénéficierait d’une infusion immédiate de talent. Cela a mené à un échange avec les Islanders de Charlottetown et à l’acquisition d’un joueur que Lemay connaissait bien dans son rôle précédent, le centre slovaque Peter Repcik.
« Comme nous voulions connaître une grosse année, il aurait été plus difficile de repêcher un joueur européen et de le laisser se développer », explique Lemay. « Peter connaissait déjà la ligue. En tant que recruteur des Jets [de Winnipeg], je l’avais suivi et je sentais qu’il était sur le point de franchir une autre étape. J’aimais son sens du hockey et ses habiletés. »
Repcik a récompensé la confiance de son directeur général avec une saison exceptionnelle à Drummondville, totalisant 61 points en 54 matchs en plus de représenter l’équipe de la Slovaquie aux deux derniers Championnats du monde de hockey junior de l’IIHF.
« Il compétitionne toujours avec acharnement sur la glace », poursuit Lemay. « Son coup de patin le retenait un peu, mais j’ai pensé qu’avec un bon entraînement estival hors glace, il serait en mesure de passer à la prochaine étape. Il a eu un grand impact sur notre équipe cette année. »
Mais est-ce seulement l’augmentation indéniable du niveau de confort qui a permis à Repcik, qui était à l’origine un agent libre des Eagles du Cap-Breton, de passer au prochain niveau? Lemay ne le pense pas.
« Je pense que la longueur du calendrier a été un problème pour lui les deux premières années, mais avec tout le travail qu’il a accompli, cela n’était plus un problème cette saison », estime-t-il. « Nous avons misé sur lui et son acquisition a porté ses fruits. »
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La transaction impliquant le deuxième joueur européen des Voltigeurs était beaucoup moins risquée. Les partisans de l’équipe des Remparts de Québec, champions de la Coupe Memorial la saison dernière, savaient déjà ce que le défenseur russe Vsevolod Komarov peut apporter à un club : du talent, un gros gabarit et un calme inouï avec la rondelle, pour ne nommer que ces atouts. Ajoutez à cela l’expérience d’un championnat et la transaction de début décembre qui a amené le Défenseur de l’année de la LHJMQ à Drummondville a été un coup de circuit indéniable pour Lemay et son club.
« Dès que nous avons pu obtenir Komarov, nous savions que nous avions les éléments en place pour compétitionner pour un titre », souligne Lemay. « C’est un gars formidable. Lorsque vous avez la chance d’obtenir des êtres humains de qualité, surtout des gars qui ont gagné une Coupe Memorial, c’est un grand pas dans la bonne direction. »
Le choix des Sabres de Buffalo en 2022 n’a pas seulement eu l’impact individuel attendu par les Voltigeurs. Sa présence, à la lumière d’une blessure qui a tenu le défenseur Maveric Lamoureux à l’écart de l’alignement pour la totalité des séries, a rendu cette transaction d’autant plus cruciale avec le recul.
« Il aurait été incroyable aux côtés de Lamoureux en séries, mais nous avons construit cette équipe pour faire face à ce genre de situation », explique Lemay. « Il faut être capable de faire face à l’adversité et aux blessures, et c’est ainsi que nous voulions construire l’équipe. Komarov a été un ajout très important pour nous. »
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Pendant ce temps, à Baie-Comeau, le Drakkar n’avait qu’à maintenir le cap avec ses joueurs européens déjà en place. Le retour du centre Matyas Melovsky et du défenseur Niks Fenenko a permis au Drakkar non seulement de maximiser le potentiel de ses deux postes de joueurs importés, mais de le faire avec des individus déjà familiers avec l’organisation.
Melovsky a connu une transformation mémorable en tant que recrue la saison dernière. Après avoir été blanchi de la feuille de pointage pendant neuf matchs consécutifs en décembre 2022, suivie d’une blessure qui l’a tenu à l’écart de l’alignement pendant une bonne partie du mois de janvier 2023, le natif de la Tchéquie a ouvert la machine. Il s’est mérité des accolades et du temps de glace en récoltant 27 points au cours des 20 derniers matchs de la saison régulière, en grande partie grâce à ses impeccables habiletés de fabricant de jeu. Cette saison, c’est un peu la même chose, mais avec une plus grande confiance en ses moyens.
« Il possède l’un des meilleurs QI de hockey de la ligue », affirme son coéquipier, Justin Gill. « Il complète des passes que l’adversaire n’arrive pas à anticiper. On peut voir comment il s’est adapté lors de sa deuxième saison [en Amérique du Nord]. Il est difficile de lui enlever la rondelle et il est vraiment bon dans les trois zones. »
L’homme qui a amené Melovsky en Amérique du Nord n’est pas moins impressionné.
« L’adaptation de Matyas a pris du temps l’an dernier, mais nous savions qu’il était meilleur que ce qu’il montrait », admet l’entraîneur-chef et directeur général du Drakkar, Jean-François Grégoire. « À son retour de blessure, il a eu un impact énorme pour nous. Lorsqu’il est revenu au camp cette année, la façon dont il s’est présenté, sur la glace et en dehors, nous a vraiment impressionnés. Nous avons pu constater qu’il avait gagné en confiance. Il fait partie intégrante de notre équipe depuis le jour un. Plus nous avons remporté des matchs et plus nous avons acquis de l’expérience, plus il est devenu confiant. »
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L’autre membre européen du groupe de Baie-Comeau réside sur la rive nord du Saint-Laurent depuis maintenant trois saisons. Tout ce que Niks Fenenko a fait depuis qu’il a été repêché au premier rang de la Séance de sélection européenne 2021 de la LCH, c’est de représenter son pays natal, la Lettonie, au Championnat du monde junior, de faire grimper le Drakkar au classement général et de devenir un favori de la foule et de ses coéquipiers. Quelle est la première chose qui vient à l’esprit de son entraîneur lorsqu’il pense à Fenenko?
« Le bonheur », dit Grégoire avec conviction et un petit rire. « Il est tellement agréable à côtoyer. Il est arrivé ici au cours de la deuxième année de notre cycle de reconstruction et, à 17 ans, nous avons commencé à le mettre sur le jeu de puissance. Au fur et à mesure que nous avons construit l’équipe et que son rôle s’est adapté, il s’est concentré sur ses points forts ; sa vitesse, son déplacement de la rondelle et un rôle plus offensif. »
En ce qui concerne le développement de Fenenko, il est clair que Grégoire a prêché la qualité plutôt que la quantité, ce qui est tout à l’avantage de sa puissante formation.
« C’est un défenseur polyvalent, mais nous n’avons pas eu à l’opposer aux meilleurs trios adverses », dit-il en parlant des deux premières saisons de Fenenko à Baie-Comeau. « Cela lui a permis de rester à l’aise et de se développer. Maintenant, il peut assumer plus de responsabilités sans avoir besoin d’être sur la glace à toutes les deux présences. Niks est un excellent patineur, mais aujourd’hui, il n’a jamais l’air très fatigué quand il joue. Il sait qu’il peut compter sur le soutien de ses coéquipiers et cela n’a fait qu’améliorer l’ensemble de son jeu. »
Tout cela a également été bénéfique pour ses coéquipiers, surtout en ce moment, alors qu’ils se battent pour un championnat contre un club qui a adopté une approche différente, mais non moins efficace, en faisant appel à des talents d’outre-Atlantique pour renforcer son effectif.
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On peut dire, sans risque de se tromper, que les quatre joueurs ont fait un monde de différence au sein de leurs clubs respectifs.