Gauthier et Gill, de coéquipiers à compétiteurs pour un titre
Il y a un peu plus d’un an, Ethan Gauthier et Justin Gill étaient assis au Palais des sports Léopold-Drolet, en état de choc et de désespoir. Une avance de 2-0 dans la série de demi-finale contre les Mooseheads d’Halifax avait été gaspillée, et une autre saison morte était sur le point de commencer.
Pour les meilleurs vétérans au niveau junior, la poursuite d’un championnat devient de plus en plus ardue à mesure que le temps passe. Heureusement pour Gauthier et Gill, cette seconde chance se présente à eux rapidement après leur moment de déception.
C’est ainsi que ces coéquipiers sont passés à la prochaine étape. Tous deux sont à nouveau en quête du Trophée Gilles-Courteau, ayant fait le saut des demi-finales à la ronde de championnat. La seule chose, c’est qu’ils se préparent tous les deux dans des vestiaires différents cette fois-ci.
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Comme tout joueur dont la saison est terminée, Ethan Gauthier est rentré à la maison après la campagne de 2023. Grâce à un échange durant la saison morte entre le Phoenix de Sherbrooke et les Voltigeurs de Drummondville, il y est resté. La relation de Gauthier avec les Volts est profonde ; son père, Denis, était un défenseur vedette à Drummondville au milieu des années 90. Son frère, Kaylen, a également joué plus de 100 matchs avec l’équipe. Pour le directeur général des Voltigeurs, Yanick Lemay, la décision d’offrir un autre Gauthier aux partisans du club a été facile à prendre.
« Le nom de Gauthier est très populaire à Drummondville, mais c’est d’abord et avant tout un excellent joueur et une personne formidable », explique Lemay. « Il cadre parfaitement dans nos plans. C’est un joueur qui joue sur 200 pieds et qui a du talent. De plus, il a grandi avec les Voltigeurs. Quand tu peux mettre la main sur un gars comme ça, qui a à cœur son équipe, c’est vraiment intéressant. »
Gauthier, qui a été repêché par le Lightning de Tampa Bay en deuxième ronde de la Séance de sélection 2023 de la LNH, a livré la marchandise. Après une saison régulière de 36 buts et 71 points, l’ailier de 19 ans a poursuivi sur sa lancée, avec une moyenne de plus d’un point par match lors de la marche des Voltigeurs jusqu’à la Finale. Bien qu’il prenne sans doute le temps de vivre un peu de nostalgie, Gauthier est très conscient de l’ampleur de la tâche qui l’attend.
« Avec de commencer la saison, j’ai eu cette occasion d’avoir un nouveau départ », explique-t-il. « Ce fut un honneur de faire partie du Phoenix au cours des deux dernières années et d’aller loin en séries éliminatoires avec mon frère à mes côtés. Mais de pouvoir venir à Drummondville, c’était irréel de voir cet échange-là se concrétiser. Je suis très reconnaissant de pouvoir jouer pour une équipe qui a encore une chance de gagner un championnat. »
Le jeu de Gauthier est passé au prochain niveau sans problème. L’entraîneur-chef actuel des Voltigeurs est l’une des personnes les mieux placées pour témoigner de cette progression. Il y a un an, Sylvain Favreau était derrière le banc des Mooseheads qui affrontaient Gauthier lors de la demi-finale mentionnée précedemment.
« La saison dernière, il jouait un rôle plus secondaire quand on jouait contre lui, mais il était toujours une menace à chaque fois qu’il était sur la glace », se souvient Favreau. « Il a gagné en maturité cette année. Il est fougueux, comme l’était son père. De pouvoir porter le chandail qu’il a porté pendant toute son enfance, c’était une adaptation. Mais la façon dont il a réussi à élever son niveau de jeu est incroyable. »
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C’est toute l’expérience acquise par Ethan Gauthier au cours des années qui ont précédé son retour au bercail qui a mis la table pour sa solide campagne en 2023-2024. Justin Gill était aux premières loges pour témoigner de tout cela. Non seulement comme coéquipier mais, pendant de longs moments, comme compagnon de trio. Gill a joué un rôle clé dans le joueur d’impact qu’est devenu Gauthier. Qui se ressemble s’assemble, comme on dit.
Gill est dans le dernier droit de sa carrière junior. Depuis qu’il est passé de joueur de profondeur à joueur de premier plan avec le Phoenix l’an dernier, le Montréalais de 21 ans a ajouté deux nouveaux gilets à sa collection : d’abord, celui du Drakkar de Baie-Comeau, qui l’a accueilli dans l’équipe par l’entremise d’un échange effectué au cours du week-end du repêchage. Ensuite, celui des Islanders de New York, qui ont réclamé le marqueur de 40 buts (à deux reprises) en cinquième ronde de la Séance de sélection 2023 de la LNH. Pour Gill, l’opportunité de participer à une dernière course au championnat était cruciale.
« Évidemment, je voulais avoir un impact, à la fois individuellement et en tant que groupe », note Gill. « J’espérais me retrouver avec une équipe compétitive afin de pouvoir me retrouver dans la même situation qu’avec Sherbrooke. »
Après 53 victoires en saison régulière et un bilan de 12 victoires et 1 défaite après trois tours de séries, on peut dire que Gill a été satisfait jusqu’à présent. Mais ce sont les résultats inattendus qui ont motivé le vétéran en mai.
« Nous avons pas mal de joueurs que les gens n’avaient pas vraiment vus jouer avant cette année », souligne Gill. « Je pense que les frères Boilard (Jules et Raoul) ont vraiment pris les gens par surprise. L’acquisition de Julien Paillé a été énorme pour nous; je pense que personne ne s’attendait à une telle saison de sa part. Même quelqu’un comme Justin Poirier, personne n’aurait pensé qu’il marquerait 50 buts à 17 ans. Nous nous sommes tous impliqués davantage au fil de la saison et le tout a très bien fonctionné. »
L’entraîneur-chef et directeur général, Jean-François Grégoire, ne pourrait être plus satisfait de Gill et de ses coéquipiers du Drakkar.
« Parfois, les gars qui mènent la charge peuvent se fatiguer avec toutes leurs responsabilités », explique Grégoire. « Mais Justin, il trouve toujours le moyen de s’en sortir. Il veut gagner. Il est en mission. Et il donne l’exemple, tant sur la glace qu’en dehors. C’est une situation parfaite pour toute notre équipe. »
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Le hockey est rempli d’ironie et de coïncidence. La situation actuelle en est un parfait exemple. Avec l’équipe de première place du Drakkar de Gill, qui se mesure à l’équipe de deuxième place des Voltigeurs de Gauthier, en finale, l’intrigue est déjà bien présente. Même si l’enjeu est ce qu’il y a de plus important, les deux ex-coéquipiers trouvent tout de même le moyen de s’admirer comme adversaires.
« J’ai eu la chance d’être sur la même ligne que Justin pendant près de deux ans », a admis Gauthier. « J’ai d’excellents souvenirs de lui à Sherbrooke. J’étais avec lui à Nashville aussi, lorsque nous avons été repêchés tous les deux. Je suis très fier de ce qu’il a accompli. On le sait, il n’y a pas d’amis lorsque nous sommes sur la glace. Mais je sais quand même qu’il veut le meilleur pour moi et je veux le meilleur pour lui. Je suis sûr que nous allons tous les deux nous surpasser dans cette série. »
Le point de vue de Gill est à la fois plus direct et plus piquant.
« Disons que je préférais Ethan quand il était dans mon équipe », lance-t-il en riant. « C’est un joueur tellement puissant. Il est aussi habile que difficile à affronter. C’est toute une combinaison. »
Tout une combinaison, oui. Mais c’est une raison de plus de s’attendre à une fantastique démonstration de talent entre ces deux joueurs, et ces deux équipes, dans la suite de ce clash pour un titre.
