Repêchage 2024 : Tomas Lavoie, l’espoir «zen»
Un début de carrière dans la LHJMQ, ce n’est pas ça, habituellement.
Normalement, un défenseur de 16 ans commencera à jouer au sein d’une deuxième paire. Il se retrouvera d’abord sur la glace pendant 20 minutes par rencontre, et obtiendra davantage de responsabilités au fur et à mesure que la saison se poursuit.
Puis, il y a les débuts de Tomas Lavoie dans la LHJMQ, avec les Eagles du Cap-Breton. Des matchs d’environ 25 minutes, après quelques rencontres seulement d’expérience. Tout ça, contre les meilleurs joueurs de la Ligue, âgés de 19 ou de 20 ans, et surtout à vivre des moments plus corsés sur la patinoire.
Mais si Lavoie est considéré parmi les plus beaux espoirs de la LHJMQ pour le repêchage 2024 de la LNH, c’est justement pour cette raison : il a su affronter ces défis, et il a surtout développé beaucoup de calme, ce qui est maintenant l’une de ses plus belles qualités sur et hors de la patinoire.
«Oui, j’évoluais contre le premier trio de la plupart des formations, mais avec l’expérience que je suis allé chercher, c’est contre les meilleurs que tu t’améliores le plus, a raconté celui qui est 50e meilleur espoir chez les joueurs en Amérique du Nord (cinquième de la LHJMQ) dans la liste de mi-saison selon la Centrale de recrutement de la LNH.
«C’est là que tu peux voir les erreurs commises, et ce que tu peux améliorer après avoir regardé les séquences vidéo. Dans mon cas, ça m’a beaucoup aidé.»
Évidemment, les Eagles auraient probablement souhaité des circonstances différentes pour mieux habituer leur tout premier choix du repêchage 2022 aux rigueurs de la LHJMQ. Mais plusieurs blessures leur ont forcé la main.
Tomas Lavoie with his first career QMJHL goal pic.twitter.com/OpzpOW6RYy
— Cape Breton Eagles (@CBEHockey) November 25, 2022
«Je ne pense pas à ça tous les jours»
Louis Robitaille est débarqué à titre d’entraîneur-chef des Eagles avant le début de la campagne 2023-2024. Il avait déjà épié Tomas Lavoie dans les rangs M18AAA, lorsqu’il était directeur général des Olympiques de Gatineau. Mais personnellement, il ne le connaissait pas personnellement avant de commencer à travailler avec lui.
Le calme est revenu assez rapidement, lorsqu’il décrit son défenseur de 17 ans.
«Tomas est calme, et il est très généreux, a expliqué Robitaille. Il est toujours à l’écoute, et il est présent pour ses coéquipiers. Sur la glace, il est intelligent. Il ne prend pas seulement la rondelle pour la rejeter en zone adverse. Il analyse ses options, ce qui fait en sorte qu’il trouve ses options. Si sa première idée n’est plus disponible, il détecte une deuxième ou une troisième solution.»
Ce trait de caractère chez le défenseur de 6 pieds 4 pouces ressort assez facilement lorsque vient le temps de parler de la pression reliée à son année de repêchage.
«C’est sûr qu’il y a plus de pression, mais je ne m’en mets pas, a-t-il mentionné. Ce n’est pas nécessaire. Pourquoi je le ferais, si le repêchage est dans quatre ou cinq mois? Je ne pense pas à ça tous les jours. Si ça continue comme ça, ça ira super bien.»
Ça en prendra plus pour le déstabiliser.
Une éponge
La deuxième caractéristique chez le défenseur natif de Repentigny, au Québec, qui a retenu l’attention de Robitaille en est une qui plaît grandement aux entraîneurs, habituellement : sa soif d’apprentissage.
«On ne se racontera pas d’histoire : c’est une grosse saison pour Tomas, a expliqué Robitaille. Mais j’aime son ouverture d’esprit, il veut s’améliorer. Avec lui, il n’y a pas de : «oui, mais…» C’est un joueur qui assimile bien l’information, qui est prêt à vouloir essayer des choses et de se dire ensuite : «parfait, ça fonctionne.» Il veut seulement grandir et être un joueur de hockey.»
L’un des premiers points sur lequel les deux hommes ont travaillé est son tir. Pas parce que le défenseur de 6 pieds 4 pouces ne possédait pas de puissance : au contraire, ses adversaires savent qu’il est à surveiller. Mais les Eagles voulaient surtout travailler sur son efficacité.
Le principal intéressé a aussitôt vu une bonne différence.
«J’ai vu un énorme progrès, a-t-il constaté. J’ai travaillé beaucoup avec Louis, durant les entraînements, pour amener des tirs au filet pendant qu’il y a des joueurs dans l’enclave, à changer mon angle afin que la rondelle ne soit pas bloquée par l’adversaire. Ça m’a beaucoup aidé.»
L’entraîneur-chef des Eagles est également en mesure de constater cette évolution dans le jeu du défenseur de 17 ans depuis le début de la campagne 2023-2024. Ça ne se voit peut-être pas au niveau des statistiques, alors qu’il ne compte que trois buts en 48 rencontres (18 points). Mais sur la patinoire, c’est beaucoup plus visible.
«Parfois, c’est une question de confiance, de chercher le jeu parfait, a analysé l’ancien des Tigres de Victoriaville et des Olympiques. Ce que nous préconisons avec Tomas, c’est qu’il utilise son tir le plus souvent possible. C’est une arme qu’il peut utiliser beaucoup plus, et dont nous pouvons bénéficier davantage comme équipe.
«Je pense qu’il commence à découvrir comment utiliser son tir, et comment l’utiliser beaucoup plus. Avec sa qualité et sa puissance, il marquera beaucoup plus de buts dans un avenir rapproché.»
Trop gentil?
Le défenseur qui a participé au Match des meilleurs espoirs LCH/LNH Kubota devra suivre encore davantage de conseils s’il veut atteindre la LNH un jour.
À 6 pieds 4 pouces et 220 livres, il a déjà la taille parmi ses forces. Le principal intéressé cible également sa première passe parmi l’une de ses forces.
Mais Lavoie aimerait devenir encore plus intimidant devant le filet des Eagles.
«Je trouve que je suis trop doux pour le genre de joueur que je suis, a-t-il avoué. Parfois, je dois seulement asséner quelques coups de bâton au bon endroit, question de faire réfléchir. Par la suite, les adversaires craindront de se présenter devant le filet. Je dois seulement le montrer davantage.
Cependant, son entraîneur-chef au Cap-Breton sert un petit avertissement : les défenseurs de 6 pieds 4 pouces, c’est toujours plus long pour les amener à maturité que les autres. Pour appuyer son point, il utilise un exemple assez bien connu dans la LHJMQ.
«À son année de repêchage, Maveric Lamoureux jouait extrêmement physique et il était efficace sans la rondelle, a utilisé Robitaille comme comparaison. Il a grandi à travers les années et cette saison, il a ajouté un côté offensif, il utilise beaucoup plus son tir foudroyant. Avec les gros joueurs, ça prend parfois plus de temps.
«S’il arrive dans la LNH, quel sera son rôle? Dans le cas de Tomas, je crois qu’il aura une chaise de défenseur bon dans les deux sens de la patinoire. N’oublions pas que Tomas est un jeune de 17 ans dans un corps d’homme. Il apprend à découvrir sa force physique. À 15 ans, dans les rangs M18AAA, lorsque tu es plus gros que tout le monde, tu ne peux pas utiliser ton corps. Mais cette saison, j’aime sa progression au niveau vitesse.»