Pleins Feux sur les Anciens Carlsberg – Joël Perrault
À sa première année derrière un banc de la LHJMQ, Joël Perrault a guidé Rimouski vers une campagne respectable de 37 victoires. À sa deuxième saison, il est déjà assuré d’une place à la Coupe Memorial avec l’équipe hôte, l’Océanic. Aucune pression, n’est-ce pas?
Eh bien, peut-être pas autant qu’on pourrait le croire. Oui, guider les hôtes du championnat national tout en essayant de se maintenir dans le peloton de tête de la campagne ultra-compétitive de la LHJMQ de cette année est un défi de taille. Mais la façon dont Perrault a abordé la tâche, tant pour lui que pour ses joueurs, révèle un processus qui offre une perspective sur la façon dont il a toujours abordé le sport, qu’il soit assis sur le banc ou debout derrière.
« Ce qui était important pour moi pendant l’été, c’était de prendre du recul, d’évaluer mes performances lors de ma première année en tant qu’entraîneur dans cette ligue et de voir où je pouvais m’améliorer », se souvient Perrault. « J’ai parlé avec plusieurs personnes qui avaient déjà occupé le même poste que moi et je leur ai posé des questions sur ce à quoi il fallait s’attendre et sur la façon dont elles avaient réagi dans leurs situations respectives. J’ai découvert que les gens étaient très ouverts, surtout lorsque vous n’avez pas peur de vous ouvrir vous-même et de chercher des solutions. Quant aux joueurs, nous n’en parlons pas beaucoup. Nous savons qu’ils ont suffisamment de pression. En même temps, malgré tous les conseils que l’on reçoit, il faut faire passer son propre message et je pense que nous avons fait un bon travail dans ce sens avec nos joueurs. »
Avant de devenir l’un des bons entraîneurs de la ligue, Perrault en était littéralement le meilleur joueur, remportant le titre du Joueur le plus utile de la saison régulière et le championnat des marqueurs avec le Drakkar de Baie-Comeau, en 2003. Cette performance sensationnelle a été le point de départ d’une carrière professionnelle de 13 ans qui a compté 96 matchs dans la LNH, six saisons dans la LAH et des séjours en Europe. Perrault voyait-il un avenir d’entraîneur alors qu’il sautait encore par-dessus les bandes?
« Oui, mais lorsqu’on joue, ce n’est pas quelque chose auquel on pense à tous les jours », souligne-t-il. « Vers la fin de ma carrière de joueur, j’ai commencé à y penser et à demander l’avis de mes entraîneurs. Je savais aussi qu’il me faudrait commencer par le bas de l’échelle et déterminer quel genre d’entraîneur je serais. »
Perrault, aujourd’hui âgé de 41 ans, s’est frayé un chemin dans les rangs M15 et M18 avant d’obtenir sa chance à Rimouski. C’est un processus qu’il a raffiné en se rappelant ce qu’il croyait être efficace lorsqu’il recevait des directives de plusieurs grands entraîneurs de l’époque où il jouait.
« Je pense que j’ai pris un petit quelque chose de tous les entraîneurs que j’ai eus, mais en même temps, j’ai gardé ma propre identité », explique le cérébral Perrault. « La présence d’un homme comme Kevin Dineen a eu un impact important sur moi. C’était sa première année en tant qu’entraîneur (avec les Pirates de Portland de la LAH), alors on sentait vraiment qu’il faisait partie intégrante de l’équipe. Avec Wayne Gretzky à Phoenix, j’ai aimé son ouverture d’esprit et sa philosophie auprès des gars. »
« Étant donné l’importance du joueur qu’il était, (sa perspective) était probablement un peu différente de la mienne », mentionne-t-il en riant.
Mais personne, pas même le meilleur joueur de tous les temps, n’a besoin de donner à Perrault une leçon de perspective. Et son expérience dans le junior, particulièrement avec une équipe du Drakkar championne de la saison régulière lors de sa dernière année, qui a manqué de peu une participation à la finale de la ligue, joue un rôle clé dans ses souvenirs et dans le message qu’il transmet aux joueurs qu’il guide aujourd’hui.
« On passe à autre chose, mais ce sentiment (après la défaite de 2003) est resté gravé dans ma mémoire », explique Perrault. « Le message que je transmets aux joueurs est qu’il est incroyablement difficile de gagner. Même si nous sommes excellents sur papier, personne ne va nous rendre la tâche facile. Gagner signifierait beaucoup pour moi, mais aussi pour la ville et pour l’organisation. »
« Notre équipe veut toujours prouver qu’elle peut rivaliser avec les autres aspirants », poursuit-il. « C’est la meilleure partie du sport selon moi ; il n’y a pas de journées faciles, et il faut considérer chaque jour comme un nouveau défi. »
Aussi méthodique que soit l’approche de Perrault, il n’hésite pas à faire preuve de nostalgie. Le fait de pouvoir se préparer pour l’un des tournois les plus importants de la ligue où tout a commencé pour lui est une situation qu’il apprécie.
« Cette ligue a tellement eu un grand impact sur moi en tant que joueur », souligne-t-il. « C’est ici que je suis devenu la personne que je suis aujourd’hui. Ces années-là ont été très importantes pour moi, non seulement en tant que joueur, mais aussi en tant qu’être humain. J’ai connu du succès en tant que joueur et je veux maintenant apporter le même succès à mes joueurs, tout en devenant le meilleur entraîneur possible. C’est vraiment excitant de venir travailler tous les jours avec une organisation de première classe. Je me compte très chanceux d’être ici. »